Google+ : une colonne vertébrale sociale reliant les applications de Google
Lancé sur invitation en juin 2011, puis ouvert à tous en septembre, Google+ a dépassé en février dernier les cent millions d’utilisateurs, si l’on en croit les analyses de Paul Allen – qui prédit d’ailleurs que 400 millions d’internautes auront rejoint le service d’ici la fin 2012.
Google a d’autre part annoncé en avril sur son blog officiel que plus de 170 millions d’internautes « étaient passés » à Google+. On remarquera que Google ne parle pas ici « d’utilisateurs », mais bien d’internautes qui « sont passés » à Google+ (quelquefois sans le savoir et/ou sans le vouloir, puisque la création d’un profil Google+ est désormais automatique pour toute création d’un compte Google ou GMail…).
Si la rapidité de cette croissance est impressionnante au regard de celle de Facebook (qui a mis plus de trois ans pour atteindre les 50 millions de membres), elle doit néanmoins être relativisée, car il semblerait que les utilisateurs de Google+ passent aujourd’hui très peu de temps sur ce réseau (3 minutes par mois entre septembre et janvier dernier, contre six à sept heures sur Facebook, d’après un article du Wall Street Journal).
Google semble toutefois bien décidé à propulser Google+ sur le devant de la scène et a commencé à déployer le 11 avril dernier une nouvelle interface, plus claire et plus intuitive (le déploiement ne s’est pas fait simultanément sur tous les comptes, mais s’effectue petit à petit).
Nouvelle page d’accueil de Google+ |
La barre d’outils en particulier, qui était statique et dans le haut de la page, a été déplacée sur la gauche et est totalement personnalisable ; l’ordre des outils peut être modifié par un simple glisser-déposer et les applications non utilisées peuvent être dissimulées dans un onglet « Plus ».
Les fonctionnalités de ces outils ont d’autre part été enrichies, avec une gestion ergonomique des photos et des vidéos, qui apparaissent par défaut en plus grand format.
Les « vidéo-bulles » enfin (Hangouts), l’une des fonctions phares de Google+, sont mises en avant.
Elles permettent aux utilisateurs d’organiser des vidéoconférences pouvant rassembler jusqu’à dix personnes, avec la possibilité de partager des documents (issus par exemple de Google Documents….).
Google+ : un liant « social » entre les applications, avant d’être un réseau
Pourtant, si Google+ a toutes les fonctions d’un réseau social, il n’a pas été créé dans ce but.
Son objectif premier est d’offrir un « nouveau Google », un Google « 2.0 », qui placerait l’utilisateur au centre des résultats, en reliant les contenus à leurs auteurs et en signalant les interactions des utilisateurs identifiés.
Cela fait plusieurs mois déjà que les données partagées publiquement sur Google+ sont intégrées aux résultats d’une recherche sur Google Web et que, lorsque l’on interroge Google en étant « logué », on peut voir apparaître sous l’extrait d’une page la mention que l’un de ses contacts a « partagé le résultat sur Google+ » ou qu’il a cliqué sur le bouton « +1 » de la page.
Intégration des résultats de Google+ lors d’une recherche sur Google Web |
Le 10 janvier dernier, l’intégration a été plus loin avec le lancement – sur Google.com uniquement – de la fonctionnalité « Search Plus Your World« , réservée aux utilisateurs connectés avec leur compte Google ; celle-ci leur signale, parmi les résultats, ceux qui ont été « recommandés » ou postés par les membres de son réseau.
Par le biais d’une icône spécifique située en haut à droite et que l’on peut désactiver, Google propose de passer de résultats dits « classiques » aux résultats « personnels », qui comprennent à la fois :
- des messages postés sur Google+ par les personnes suivies, via le lien « personal results » signalé en première réponse ;
- l’indication, parmi les résultats, de ceux qui ont été signalés par les membres de son réseau, qu’ils aient cliqué sur le bouton « +1 » ou qu’ils aient posté l’information sur Google+. Ces recommandations sont indiquées par une icône spécifique à gauche du titre, et par le nom et l’avatar du « contact » ;
- on peut également trouver, dans une colonne sur la droite, le profil Google+ et un lien vers les derniers posts d’une personnalité ou d’une marque. Cette dernière fonctionnalité a fait son apparition sur Google.fr le 28 mars.
Google Search plus Your World |
Avant d’être un réseau social, Google+ est donc la « colonne vertébrale sociale » qui relie l’ensemble des applications de Google. Dans une interview accordée à Bits le 6 mars, Vic Gundotra – le Vice President for Engineering de Google – n’hésitait pas à dire que Google+ n’était pas un réseau social, mais que c’était « juste une nouvelle version de Google« , un peu comme une couche de social qui envelopperait toute l’expérience de Google.
Bien sûr, Google ne cesse d’enrichir sa plateforme avec de nouvelles fonctionnalités, pour inciter les utilisateurs à l’adopter. Mais c’est pour mieux relier Google+ à ses différentes applications (Google Maps, Google Actualités, Google Livres, GMail, Google Documents…).
C’est pour cela que depuis janvier 2012, le moteur créé automatiquement un profil Google+ lors de l’ouverture d’un compte Google ou GMail.
C’est pour cela aussi qu’il a changé le 1er mars 2012 ses règles de confidentialité – contre l’avis de la Cnil, qui estime dans son rapport que ces nouvelles règles «soulèvent des inquiétudes» –. Les nouvelles règles lui permettent, lorsque l’on utilise les différents services de Google en étant connecté, de rassembler et de recouper les informations laissées et de tenir compte de l’historique des recherches pour faire des recommandations dans les résultats (quel que soit le service).
C’est enfin la raison pour laquelle l’inscription sur Google+ doit se faire obligatoirement sous son vrai nom… De nombreux utilisateurs qui s’étaient inscrits à Google+ en utilisant des pseudonymes ont eu l’été dernier la mauvaise surprise de voir leur compte suspendu. Devant la colère des internautes, Google a ensuite reculé et a timidement accepté l’emploi de pseudos, sous certaines conditions. Mais si l’on en croit PC Impact, il semble bien que la chasse aux pseudos a repris…
La bataille pour la maîtrise de l’identité numérique ne fait que commencer…
Car l’intérêt premier de Google+ est de fournir au moteur des données personnelles sur ses utilisateurs, afin d’améliorer la pertinence de la publicité ciblée affichée sur ses différents services (Google Maps, Livres, GMail…), mais aussi son « rendement ».
Et l’impact de Google+ n’est pas neutre. Vic Gundotra précisait ainsi dans son interview que les annonces « enrichies » par Google+ – les adwords peuvent en effet être associés avec la page Google+ de l’annonceur, et bénéficier des recommandations des fans et clients – avaient un taux de clic supérieur de 5 à 10 % aux autres…
Ce rendement à lui seul justifie l’investissement de Google dans Google+ !