Boostez l’efficacité de votre veille en la personnalisant
Archimag a publié il y a peu une nouvelle édition de son Guide Pratique dédié à la veille.
Intitulé « Veille : les nouveaux fondamentaux », ce guide propose en 76 pages des retours d’expérience, avis d’experts et descriptifs d’outils gratuits ou payants utiles aux veilleurs (on trouvera un « décortiquage » de son contenu sur le blog OutilsFroids ).
J’ai eu le plaisir de participer à ce guide, avec comme « mission » d’écrire un article sur le sujet de la diffusion des résultats de sa veille, et comme proposition de pitch : « la bonne info, au bon moment, à la bonne personne, au bon format et par le bon canal : vers une veille de plus en plus personnalisée ».
Avec l’aimable autorisation d’Archimag, on trouvera ci-après le texte de cet article…
Boostez l’efficacité de votre veille en la personnalisant
Le mail reste-t-il le meilleur moyen de diffuser votre veille ? Comment opter pour le produit de veille le plus efficace ? Envoyé par le canal le plus pratique ? Personnaliser votre veille apporte une bonne part des réponses.
Le développement d’Internet et des médias sociaux a bouleversé le rapport à l’information des professionnels. Entre les articles de journaux consultables gratuitement, les médias sociaux, les vidéos et les tutoriels, chacun est à même de faire sa veille, avec il est vrai plus ou moins de bonheur.
Déjà confrontés à une surcharge informationnelle, les professionnels ont de moins en moins de temps pour lire les livrables de veille qu’ils reçoivent, et ceux-ci s’accumulent dans leur boîte aux lettres, surtout lorsqu’ils couvrent un domaine large et qu’ils ont conservé le format « classique » du document Word (ou PDF) envoyé par mail.
se réinventer
Dans ce monde en mutation, les veilleurs doivent se réinventer, pour mettre en avant la valeur ajoutée de leurs services.
L’une des pistes consiste à suivre au pied de la lettre la règle d’or de la veille, telle qu’elle fut énoncée par Michael E. Porter, de Harvard Business School : « donner la bonne information à la bonne personne, au bon moment, pour prendre la bonne décision »(1).
Suivre cette règle d’or revient à personnaliser au maximum ses produits de veille.
Cette personnalisation passe par la prise en compte des besoins précis de ses différents clients, mais aussi par un mode de diffusion adapté à la façon dont ils s’informent : quel terminal utilisent-ils de façon privilégiée (smartphone, tablette, ordinateur…) ? Sont-ils un peu geeks ou définitivement accros au mail ? Est-il préférable de choisir un envoi des résultats en mode « push » (mail…) ou en mode « pull » (mise à disposition sur une plateforme de curation, un blog…), etc.
Autant de questions qu’il importe de se poser, si l’on veut coller au plus près aux attentes de ses clients.
autonomiser ses utilisateurs
Mais comment faire en sorte que la réalisation de plusieurs veilles personnalisées ne soit pas trop chronophage, si l’on décide de les proposer en complément de la veille généraliste que l’on offre déjà – en attendant qu’elles ne la remplace ?
En réorganisant sa façon de travailler et en tirant parti des multiples outils disponibles…
L’objectif à notre avis est d’essayer, autant que faire se peut, d’autonomiser ses utilisateurs, en leur offrant un accès à une sélection personnalisée et très ciblée de ressources.
Le temps que l’on consacre traditionnellement à la réalisation du livrable est ici attribué essentiellement à la sélection des articles, que l’on peut « taguer » avec un ou plusieurs mots-clés, pouvant désigner la thématique ou le destinataire…
Une tâche plus intéressante – et plus valorisante – que les fastidieux copiés-collés dans Word de liens menant vers un grand nombre de documents !
D’autant que cette tâche exploite bien la valeur ajoutée du veilleur, à savoir le sourcing et la sélection des documents pertinents.
plusieurs canaux
Pour diffuser cette sélection, que l’on peut aisément personnaliser de façon très fine, plusieurs canaux peuvent être choisis.
Nous en présenterons trois dans cet article, pouvant être mis en place gratuitement et de façon très rapide, et qui sont susceptibles de répondre à ces besoins bien spécifiques de veille personnalisée.
Deux d’entre eux peuvent être réalisés en utilisant Inoreader, l’agrégateur de flux lancé en 2013 par la société bulgare Innologica.
L’outil dispose de fonctionnalités riches et innovantes (2). Inoreader est proposé en mode freemium, avec une version gratuite et plusieurs versions payantes, la plus complète étant disponible à moins de 50 € par an. Un investissement très modéré, au regard de l’étendue de ses possibilités.
Inoreader permet en particulier de « taguer » les articles que l’on sélectionne avec un ou plusieurs mots-clés. Ces articles peuvent ensuite être rassemblés d’un simple clic sur le mot-clé. Mais ils peuvent aussi être diffusés à leur destinataire, sous différentes formes.
Les pages html personnalisées d’Inoreader : pour les clients qui veulent suivre à leur rythme un flux d’actualités sur un sujet précis
Parmi les fonctionnalités innovantes d’Inoreader, figure la possibilité de créer automatiquement, pour un mot-clé ou un dossier donné, une page html qui rassemblera tous les articles que l’on aura tagués avec un mot-clé, ou tous les articles des flux que l’on aura rassemblés dans un dossier.
Pour générer l’adresse de cette page html – qui sera accessible à toutes les personnes disposant du lien –, il suffit de cliquer droit sur un tag ou un dossier que l’on a créé, et de choisir l’option « Obtenir le code html à intégrer ».
On peut alors envoyer l’adresse de cette page (par mail…) à son client, afin qu’il l’enregistre une fois pour toute dans ses favoris. À chaque fois qu’il ouvrira cette page, il pourra découvrir les derniers articles tagués classés par ordre ante-chronologique, sans avoir besoin d’utiliser Inoreader.
La page est en accès libre, mais elle n’est pas indexée par les moteurs de recherche (fichier Robots.txt) et il est a priori impossible d’y accéder si l’on ne connaît pas son adresse…
ajouter un logo
Quelques remarques sur ce service :
♦ La version payante d’Inoreader permet de personnaliser l’apparence de la page, en ajoutant par exemple un logo (ou un bandeau que l’on aura créé pour « marketer » son service), en choisissant le titre de la page, la couleur de l’arrière plan, du texte, etc.
♦ Inoreader ne se contente pas de donner l’adresse html de la page. Il affiche également son code html, ce qui permet d’intégrer cette page sur un site web (intranet…).
♦ Dans la version gratuite d’Inoreader, les seuls articles que l’on peut taguer sont ceux que l’on sélectionne dans les flux auxquels on est abonnés. La version payante en revanche offre la possibilité d’enregistrer dans l’agrégateur une « page web » (et non un flux RSS) que l’on a découvert lors de sa navigation sur Internet. Une fois enregistrée, cette page figure dans un dossier spécifique (Pages web enregistrées), et peut être taguée. C’est un moyen simple d’ajouter dans les résultats de sa veille des informations découvertes hors d’Inoreader…
♦ Les informations contenues dans la page html sont définies par le flux RSS de la source. Certains flux proposent pour chaque article image et informations détaillées, quand d’autres se limitent à la première phrase. Il est malheureusement impossible sur Inoreader de modifier d’une façon ou d’une autre les informations contenues dans le flux.
Si l’on tient à modifier ces informations pour rendre l’ensemble plus homogène (en supprimant les images, ou en écrivant son propre résumé par exemple), une astuce consiste à passer par l’intermédiaire d’un autre outil, tel que Diigo : depuis l’interface d’Inoreader, on peut enregistrer les articles sélectionnés dans Diigo (en réécrivant un texte…), et leur attribuer un mot-clé. On intègrera ensuite dans Inoreader le flux RSS généré par Diigo pour le mot-clé, à partir duquel on pourra générer une page html…
Les flux RSS sortant d’Inoreader :
pour les clients un peu geeks, souvent en mobilité…
Inoreader permet, y compris dans sa version gratuite, de créer un flux RSS sortant pour un mot-clé ou un dossier que l’on a créé ; il suffit pour ce faire de cliquer droit sur le tag et de choisir l’option « Obtenir le flux RSS ».
Lorsque le destinataire de la veille est quelqu’un d’un peu geek, habitué à consulter l’information depuis un smartphone ou une tablette, on aura tout intérêt à le rendre plus autonome en paramétrant pour lui son propre agrégateur Inoreader.
On pourra y mettre quelques flux que l’on aura créés spécifiquement pour lui, et pourquoi pas, les flux de quelques sources très ciblées que l’on aura identifiées sur le sujet.
Le client pourra accéder aux résultats de sa veille depuis son smartphone ou sa tablette, via une interface agréable et conviviale.
Quelques remarques sur ce dispositif :
♦ Lorsque Inoreader génère un flux à partir d’un mot-clé, il indique systématiquement comme origine de l’article « nom-du-tag via nom-de-l’utilisateur-qui-a-créé-le-tag ». Il faut cliquer sur le titre de l’article pour connaître le nom de la source. Ce qui peut être rédhibitoire pour un professionnel de l’information l’est un peu moins pour le destinataire de la veille, puisque les articles de son flux ont été sélectionnés spécifiquement pour lui par le veilleur…
eLink : Plateforme de curation et newsletter
Pour des livrables personnalisés en mode « push » ou « pull »
Plusieurs outils permettent aujourd’hui de publier les résultats issus de sa veille sur une page html (qui peut, selon les cas, être indexée ou non par les moteurs de recherche) et/ou d’envoyer le livrable correspondant par mail.
Les caractéristiques et les fonctionnalités de ces outils diffèrent notablement entre eux, certains mettant l’accent sur les options de mise en page du livrable, d’autres sur la possibilité de modifier son contenu, etc.
Nous avons choisi de présenter dans cet article eLink.io, un outil proposé en mode freemium qui permet, pour la version gratuite, de publier les résultats de sa veille sur une page html, en indiquant si celle-ci doit ou non être indexée par les moteurs.
Une fois inscrit sur le site, il suffit de choisir le modèle (ou template) que l’on souhaite adopter, et de coller les URLs des pages que l’on a sélectionnées. eLink va chercher à la source image et extrait, pour en proposer un aperçu. Sinon, une extension Chrome permet d’ajouter les pages à la volée.
La page ainsi générée peut faire office de livrable.
La version professionnelle d’eLink (144 $ par an) offre de nombreuses fonctionnalités complémentaires, parmi lesquelles la possibilité de choisir des articles à partir d’un flux RSS (on pourra par exemple utiliser le fil RSS sortant généré par Inoreader, pour rassembler dans un livrable les articles tagués avec un mot-clé), ou d’intégrer des documents stockés sur son ordinateur ; de nombreuses options de personnalisation sont offertes et, surtout, eLink permet l’envoi du livrable sous forme de newsletter, via des outils d’emailing comme GMail ou MailChimp (qui offre des fonctionnalités puissantes en matière de gestion des fichiers et de statistiques…).
pour les irréductibles
Au final, ces quelques exemples montrent que le veilleur à tout intérêt aujourd’hui à se rapprocher de ses clients pour comprendre leurs pratiques de recherche et de veille, et personnaliser ses produits en conséquence.
De nombreux outils gratuits ou bon marché peuvent lui permettre de diffuser des résultats de veilles très ciblés sur des supports qui peuvent être différents (page html – pouvant être intégrée dans l’intranet par exemple-, blog, flux RSS…).
Et pour les irréductibles qui ne connaissent que le mail, il reste encore la solution de créer pour eux un mail avec une mise en page soignée, qui pourra mener par exemple vers les pages html des différentes veilles personnalisées. Une bonne façon de mettre en avant les services que l’on offre !
Et vous, quelles solutions avez-vous choisies pour diffuser les résultats de votre veille ?
En guise de « cadeau de Noël », Inoreader et eLink ont accepté d’offrir aux lecteurs de Recherche éveillée une remise exceptionnelle de 30% sur le prix de leur version Pro.
Pour en profiter, il suffit d’indiquer les codes suivants sur le formulaire d’abonnement :
Inoreader : 89579B54 (jusqu’à mai 2019)
eLink : BEAT30
(1) Rouach, Daniel. La veille technologique et l’intelligence économique. Presses Universitaires de France. 1996
(2) Les fonctionnalités d’Inoreader ont en partiété décrites de façon détaillée par Christophe Deschamps dans plusieurs tutoriels, sur son blog OutilsFroids.net.
Merci pour cet article. Nous pratiquons de cette façon avec Inoreader version Pro depuis plusieurs années et votre article confirme la pertinence de cette pratique. Et le lien avec Diigo m’intéresse car c’est effectivement au niveau de la personnalisation des livrables qu’Inoreader est un peu limitant. Mais pour 50 dollars/an ça reste un outil très intéressant pour le veilleur.