Quand le secteur Veille de l’ADBS partage des astuces et méthodes
Secteur Veille de l’ADBS – Matinée du 8 mars 2012 |
Le secteur « Veille et recherche sur Internet » de l’ADBS organisait le 8 mars dernier une rencontre sur le thème des Méthodologies de recherche efficaces sur le Net, qui a rassemblé plus de 100 participants et s’est révélé un moment très fort d’échanges et de partages.
Sur le principe des retours d’expériences, cinq intervenants – professionnels de l’information, membres de l’ADBS – appartenant à des domaines très divers, sont venus partager avec l’assistance des « trucs et astuces » et des méthodes utilisés au quotidien dans leurs recherches et leur veille sur le Net.
Si les trois premières interventions concernaient plus spécialement la « recherche d’information », les deux dernières ont abordé l’ensemble des méthodes et outils (gratuits) employés dans la mise en place d’une veille, du sourcing à la diffusion des données.
On trouvera ci-après les points forts des trois premières interventions. Les deux présentations dédiées à la veille feront l’objet d’un autre billet, dans les jours qui viennent.
On signalera que les supports des cinq interventions sont disponibles sur le site de l’ADBS.
Comment retrouver l’origine d’une citation
Asuncion Valderrama, Directeur de la documentation, IIPE – Unesco
Avec beaucoup d’humour et d’entrain, Asuncion Valderrama a présenté la méthodologie qu’elle avait utilisée pour retrouver l’origine exacte de la citation de Blaise Pascal, telle qu’elle est prononcée par Frère Luc dans le film de Xavier Beauvois « Des hommes et des dieux » : « Les hommes ne font jamais le mal aussi complètement et joyeusement que lorsqu’ils le font par conviction religieuse ».
Lorsqu’il s’agit de mentionner une citation dans un document, il est impératif de retrouver son origine exacte. Pour la découvrir, le premier réflexe d’Asuncion fut d’interroger Google avec les termes les plus importants de la citation, à savoir : Pascal hommes mal joyeusement religieuse ; mais si cette requête obtient 1,5 millions de résultats, ceux-ci font pour la plupart référence au film – avec la citation telle qu’elle est prononcée par Frère Luc –, et n’indiquent rien quant à son origine, hormis qu’elle est attribuée à Blaise Pascal…
Une recherche avec la citation entre guillemets obtient quant à elle plus de 1 800 pages, faisant là encore référence au film.
La démarche d’Asuncion fut alors d’interroger Gallica pour tenter de retrouver la citation dans les Pensées de Pascal.
Elle put ainsi feuilleter le manuscrit original, et découvrit d’autre part l’ouvrage « Les Pensées de Pascal, reproduites d’après le texte autographe« , publié en avril 1896, qui était consultable en mode image et en mode texte, avec une recherche plein texte. Las, une recherche avec le mot « joyeusement » ne donnait aucun résultat.
Le manuscrit des Pensées de Pascal, sur Gallica |
Asuncion interroga alors Google avec la requête Pensées Pascal filetype:pdf et identifia le document PDF « Blaise Pascal, Pensées sur la religion et sur quelques autres sujets » ; une recherche dans ce document, cette fois-ci avec le terme « mal » , permit de découvrir parmi les 72 occurrences la citation dont s’était sans doute inspiré Frère Luc… Inspiré seulement, car la citation exacte était « Jamais on ne fait le mal si pleinement et si gaîment que quand on le fait par conscience ».
Une nouvelle recherche sur Gallica dans l’ouvrage « Les Pensées de Pascal, reproduites d’après le texte autographe« , valida cette dernière citation.
Les Pensées de Pascal, sur Gallica (édition 1896) |
Ces éléments sont-ils suffisants pour valider l’origine et l’intitulé de la citation ?
Beaucoup s’en seraient contentés.
Mais par acquis de conscience, Asuncion interrogea Google avec la « nouvelle » citation – telle qu’elle figurait dans l’ouvrage de 1896 –, mais sans utiliser les guillemets.
Et là, elle découvrit avec surprise, grâce à un résultat issu de Google Livres, qu’une citation plus ancienne issue des « Pensées de Pascal » (nouvelle édition, 1776), indiquait au contraire que « Jamais on ne fait le mal si pleinement et si gaiement, que quand on le fait par un faux principe de conscience »…
Pensées de Pascal, sur Google Livres (1776) |
Une découverte qui illustre, s’il en était besoin, la nécessité qu’il y a de toujours remonter à la source de l’information… Même si celle-ci est très ancienne…
Trucs et astuces pour en savoir plus sur une personne
Magali Guibert, Responsable de l’information, Eric Salmon & Partners
Lorsque l’on travaille dans un cabinet de recrutement, il est nécessaire de connaître de nombreuses astuces pour en savoir plus sur les candidats, identifier les bons profils, etc. Magali Guibert a bien voulu partager avec nous certaines des tactiques qu’elle utilise le plus souvent.
• La première méthode présentée avait pour objectif de retrouver le nom d’une personne à partir de sa photographie.
Certaines pages web (blog…) proposent en effet les témoignages de personnes avec leur photo, mais ne mentionnent pas leur nom. Pour retrouver celui-ci, une astuce consiste à analyser l’URL de la photo, que l’on obtient en cliquant droit sur l’image et en choisissant l’option « Copier l’URL de l’image » (sous Chrome) ou « Copier l’adresse de l’image » (Firefox).
On peut ensuite coller cette adresse :
-> dans la zone de saisie de Google ; et l’on peut quelquefois découvrir que le nom de la personne est clairement indiqué dans l’URL, ex.: http://delpy.blog.lemonde.fr/files/2009/07/patrickdelpy-juin-2009.1246880999.miniature.png ;
-> ou dans le module Google Images, après avoir cliqué sur le symbole de l’appareil photo, qui se trouve à l’extrémité droite de la zone de saisie.
Le moteur identifie alors les éventuelles pages web qui contiennent une « image identique » (voir l’article « Du nouveau pour la recherche d’images sur Google » de ce blog) ; un bon moyen de voir si le nom de la personne a été indiqué à un autre endroit…
• D’autres astuces furent présentées, liées cette fois-ci au choix des mots de la requête, ou à l’usage de certains opérateurs dans Google. Ainsi :
-> une requête comportant par exemple « spoken french » (director OR manager) English -job -emploi obtient de nombreux profils de dirigeants parlant français, tout en filtrant les offres d’emploi ;
-> ranking directors women uk filetype:pdf repère aisément certains classements et listes de femmes dirigeantes au Royaume-Uni ;
-> CNRS laboratoire (annuaire OR liste) filetype:xls identifie des fichiers Excel comportant par exemple les coordonnées de chercheurs avec leurs laboratoires…
-> en rajoutant le terme video à une requête sur le nom d’une personne, on identifie quelquefois des interviews de cette personne, pemettant par exemple de vérifier si elle parle couramment le français, etc.
• de nombreux outils de recherche dédiés aux entreprises et aux personnes furent ensuite présentés par Magali, parmi lesquels des réseaux sociaux (LinkedIn, Viadeo…), des moteurs de recherche de sociétés (Corporama.com, Reuters.com…), des moteurs de recherche de personnes (Yatedo, KGBPeople…), des agrégateurs (Zoominfo.com, 123People.fr…).
Béatrice Foenix-Riou, Directrice de BFR Consultants
J’ai eu ensuite le plaisir d’intervenir afin de présenter des astuces pour identifier des données de marché. Certaines d’entre-elles étaient en fait présentées dans l’un des chapitres de l’ouvrage « Recherche éveillée sur Internet : mode d’emploi« , et expliquaient comment formuler sa requête à partir d’un cas précis, à savoir la recherche d’informations sur le marché de l’habillement en France.
Deux pistes ont été explorées :
• la première consiste à élaborer, sur Google, une recherche prenant en compte les synonymes (habillement OR confection OR « prêt à porter »…), les types de données recherchées (« marché » OR ventes OR production OR « chiffres d’affaires »…), les sources (site:gouv.fr OR site:insee.fr), le type de fichier (filetype:pdf OR filetype:doc), la couverture géographique… puis, après avoir lancé la requête – en étant attentif à l’ordre des mots et à l’usage des opérateurs OR et AND (implicite) –, à limiter les résultats aux données les plus récentes, grâce à la fonction « recherche par date » de la colonne d’outils ;
Rechercher des informations de marché sur Google |
• la seconde méthode est d’identifier puis d’interroger des sources spécialisées (instituts, associations, fédérations…), susceptibles d’offrir des bases de données en accès libre, non indexées (ou mal indexées) par les moteurs.
L’identification de ces organismes peut se faire notamment avec un moteur, en combinant les termes relatifs au domaine (habillement OR confection OR « prêt à porter »…) avec – par un AND implicite – les types d’organismes (institut OR fédération OR syndicat OR association…).
On peut aussi rechercher spécifiquement des listes déjà établies d’organismes de ce type, en ajoutant intitle:liens OR inurl:liens à la requête précédente.
Identification d’une « page de liens » |
Ces diverses pistes permettent de repérer en particulier le site de l’Institut Français de la Mode, sur lequel on trouve de multiples publications économiques sur le marché de l’habillement, en accès libre, relativement mal indexées par Google…
Le deuxième exemple présenté proposait quelques pistes pour identifier des données statistiques sur l’industrie textile en Chine.
Pour répondre à une question de ce type, le premier réflexe est en général d’interroger Google avec des termes comSi l’on peut améliorer la pertinence des résultats en utilisant la fonction « Recherche par date » de la colonne d’outils, l’ensemble demeure néanmoins relativement peu satisfaisant.
C’est dans un cas comme celui-ci que la fonction « Pages en langue étrangère traduite », affichée dans la colonne de gauche, prend tout son sens.
Si l’on clique sur cette option depuis la page de résultats, Google traduit en effet la requête dans d’autres langues – qu’il choisit automatiquement : le chinois et l’anglais dans notre exemple –, puis interroge le Web dans ces langues, et retraduit à la volée les résultats en français. On peut alors se connecter aux résultats dans leur langue originale ou dans leur traduction en français ; si cette dernière prête souvent à sourire, elle permet indiscutablement de comprendre le sens des pages.
Depuis la page de résultats, il est possible de modifier les langues choisies par Google, depuis une liste de plus de 52 langues sources/cibles.
La fonction « Pages en langue étrangère traduites » de Google |
L’utilisation de cette fonctionnalité a permis dans notre cas de repérer immédiatement des sources susceptibles de fournir un certain nombre de renseignements, comme le centre de statistiques du China Textile Industry Association, la Chambre de commerce chinoise de l’industrie textile, le portail allemand Textination.de, dédié au textile et qui offre en particulier une lettre hebdomadaire sur l’industrie chinoise du textile et de l’habillement, etc.
Bref, une fonction méconnue de Google, qui peut rendre des services précieux…
Comptes-rendus des précédentes manifestations du Secteur Veille de l’ADBS :
– Compte-rendu de la matinée « Réseau social d’entreprise » (novembre 2011) ;
– Riche rencontre pour les secteurs Veille et Education de l’ADBS (septembre 2011) ;
– Mettre en place une veille avec les outils du Web 2.0 (juin 2011)
– Des recherches boostées à Lyon (avril 2011)
Merci pour ce rapport d’une rencontre qui a mon avis a du etre fort interessante vu les sujets traites. J’ai lu votre article avec grand interet.