La mise en scène de l’information au service de la veille et du KM
Le secteur Veille de l’ADBS organisait le 1er juin une manifestation – la sixième depuis sa création en février 2011 – dédiée cette fois-ci à la mise en scène de l’information au service de la veille et du KM.
Près de cent participants ont assisté à cet atelier, qui avait pour objectif de leur donner des pistes leur permettant de compléter leur posture d’analyste par celle de « metteur en scène de l’information ».
Cette matinée comprenait trois séquences :
1. Claude Aschenbrenner, l’un des pionniers en France de l’utilisation de la cartographie de l’information, co-fondateur en 2011 de l’association MetaCarto et auteur du blog SerialMapper, a tout d’abord présenté la méthode BBC, une méthodologie d’aide à la mise en scène de l’information qu’il a développée.
2. J’ai ensuite proposé un retour d’expérience de cette méthode, avec la cartographie des flux éditoriaux sur le Web.
3. Claude a ensuite construit, en direct avec les participants, la carte des perceptions de la mise en scène de l’information appliquée à la veille.
B.B.C. une méthodologie d’aide à la mise en scène de l’information
La méthode B.B.C. est une méthodologie d’aide à la mise en scène de l’information et à la prise de décision, ancrée sur une démarche de questionnement visuel en trois étapes : Brouillard, Brouillons, Communication (B.B.C.).
La phase « Brouillard » tout d’abord, qui a pour devise « Une idée est une pensée qui n’a pas voulu mourir », a pour objectif de rendre explicite ce qui est implicite. C’est une phase au cours de laquelle l’intelligence collective fonctionne à plein, et qui est constituée de deux étapes : une première étape de « purge », et une seconde « d’ouverture de chemins ».
Au cours de cette phase, de nombreux outils sont utilisés (carte heuristique, mind mapping…) pour aider à mettre en avant ce qui est important.
Claude Aschenbrenner, « évangélisateur » en cartographie de l’information |
La phase « Brouillons » vient ensuite, avec pour maxime « Les questions sont plus importantes que les réponses ». Son objectif est en effet d’éliminer les zones d’ombres, grâce à un questionnement sur le corpus et les invariants.
La boîte à outils est composée de nombreuses méthodes et matrices telles que SWOT (menaces, opportunités, forces, faiblesses), diagramme d’Ishikawa (causes et effets), cadran Océan bleu… Mais les méthodes ne doivent pas être appliquées telle quelles et les axes de réflexions doivent être adaptés à la problématique.
Vient enfin la phase « Communication« , car « Mettre en scène, c’est illuminer la boîte noire ».
Cette mise en scène n’est pas simple, car la mauvaise information chasse la bonne, et que trop de quantité dévalorise l’information (infobésité).
Il est donc important de penser « story telling » et de se mettre dans les pas de l’autre.
Les cartes sont ici d’un précieux secours car pour Claude Aschenbrenner, si une image vaut 100 mots, une carte vaut 1000 chemins. Et en rendant l’interlocuteur actif, la carte lui ouvrira les chemins…
Cartographier les flux éditoriaux sur le Web
Retour d’expérience de la méthode B.B.C.
J’ai ensuite eu le plaisir d’intervenir pour présenter une mise en pratique concrète de la méthode BBC.
Le point de départ de l’expérience était l’idée que j’avais eue de compléter et prolonger l’ouvrage « Recherche éveillée sur Internet : mode d’emploi« par une carte.
Claude Aschenbrenner ayant accepté de jouer le jeu, nous nous sommes réunis plusieurs fois (six au total) pour aboutir – après avoir traversé les phases Brouillard, Brouillons, Communications – à une carte qui veut être une cartographie des flux éditoriaux sur le Web.
La phase « Brouillard » a tout d’abord permis de clarifier ce que l’on souhaitait cartographier. Après quelques « galops d’essais » sur des thématiques comme les opérateurs des outils de recherche, ou la méthodologie de recherche (quels outils pour quelle question…), nous avons fait un « pas de côté » et décidé de choisir la piste des flux éditoriaux sur le Web, afin de montrer quels étaient les échanges d’information entre les différentes ressources et mettre en avant les « lieux » se créaient la valeur.
A partir d’un modèle de matrice, nous avons donc, dans une phase « Brouillons », cartographié les flux entrant et sortant des huit types de ressources que nous avons identifiées sur le Web, à savoir : les sites web classiques, les blogs, les banques de données (Web invisible), la presse (actualités), les sites de partage multimédia (Slideshare, Flickr, YouTube…), les sites d’échanges en temps réel (Twitter, Google+…), les réseaux sociaux (Facebook, Linkedin..), et enfin les plateformes de curation (Scoop.it, Pinterest…).
Pour chacune de ces ressources, nous avons adopté la posture de l’éditeur/contributeur, et nous nous sommes demandé d’où l’éditeur tirait ses informations et qui les (ré)utilisait. La part de la ressource utilisée uniquement en interne – comme les retweets sur Twitter – était également prise en compte dans la matrice.
Les matrices de trois des ressources (Twitter, Partage multimédia et Banques de données) |
Il est important de préciser que dans cette cartographie, nous avons adopté une vision dynamique en choisissant de représenter les « flux éditoriaux » et non les « stocks ». Les moteurs de recherche étaient donc hors-sujet, tout comme les annuaires.
Puis vint la phase « Communication », qui donna naissance à une carte, réalisée à partir des différentes matrices. Cette cartographie s’appuie sur notre expérience d’Internet ; nous sommes donc dans le relatif, et non dans l’absolu…
Cartographie des flux éditoriaux sur le Web : où se créé la valeur ? |
Les ressources s’y comportent comme des « unités de traitement » au confluent de canaux d’informations. Chaque ressource est autonome et contribue à la production éditoriale globale sur le Web. Les échanges entre les ressources sont matérialisés par des canaux de taille proportionnelle à leur importance.
On précisera qu’il s’agit ici d’une carte « provisoire », réalisée rapidement pour la manifestation. Mais nous comptons bien l’enrichir, notamment à partir des avis, remarques, suggestions qui nous serons proposés. Par conséquent, n’hésitez pas à laisser vos impressions en commentaires.
La présentation de cette carte a suscité de nombreuses réactions des participants.
On trouvera ci-après quelques-unes des remarques :
- Elle permet de mettre sur un même plan des ressources de différentes « générations » : les outils du Web social (plateformes de curation, sites d’échange temps réel type Twitter, réseaux sociaux…) côtoient les banques de données et les sites web « classiques », trop souvent « oubliés » ;
- Elle montre une circulation des informations dont chacun est intuitivement conscient, mais elle a le mérite justement de montrer ces échanges ;
- Elle peut permettre de montrer à des clients/supérieurs qu’une présence sur le Web ne doit pas se limiter à un site web vitrine ;
- Applications pédagogiques…
Et vous, qu’en pensez-vous ?
Une expérience collaborative avec la Carte des perceptions
La matinée s’est terminée par une expérience collaborative, menée avec l’ensemble des participants.
L’objectif était d’appréhender la perception qu’avait ces derniers de la mise en scène de l’information appliquée à la veille.
Quatre questions leur ont donc été posées, auxquelles ils ont dû répondre par un (ou plusieurs) mots sur un post-it :
La mise en scène de l’information et la veille :
- qu’en voyez-vous ? (environnement, collègues, ce que le marché propose…)
- qu’en dites-vous ? (dire, faire, pratiquer…)
- qu’en entendez-vous ? (ce que j’en entends ; ce que dit mon chef ; ce qu’en disent les personnes qui comptent..)
- qu’en pensez-vous ? (ce que j’en pense, ce que j’en ressent, ce qui est vraiment important, inquiétudes et inspirations…).
Les post-it ont ensuite été relevés et collés sur une carte.
Et voici ce que donne cette carte, une fois mise au propre par Claude :
« Mise en scène de l’information et Veille » – Carte des perceptions – Secteur Veille ADBS, 1er juin 2012 |
Et vous, quelles sont vos perceptions de la mise en scène de l’information appliquée à la veille ?
Les mots que vous auriez choisis sont-ils sur cette carte ?
Comptes-rendus des précédentes manifestations du Secteur Veille de l’ADBS :
- Quand le secteur Veille de l’ADBS partage des astuces et méthodes (mars 2012)
- Compte-rendu de la matinée « Réseau social d’entreprise » (novembre 2011)
- Riche rencontre pour les secteurs Veille et Education de l’ADBS (septembre 2011)
- Mettre en place une veille avec les outils du Web 2.0 (juin 2011)
- Des recherches boostées à Lyon (avril 2011)
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