Gilles Balmisse : « Ma veille se fait essentiellement avec LinkedIn »
Pour cet article, nous avons eu envie de rencontrer Gilles Balmisse, bien connu des professionnels de l’information pour les nombreux ouvrages qu’il a publiés sur la veille, le knowledge management ou encore les réseaux sociaux d’entreprise, afin d’en savoir plus sur ses pratiques de veille, passées, présentes et idéales.
Gilles Balmisse, accompagnateur d’entreprises innovantes dans le domaine du numérique
Bonjour Gilles. Merci d’avoir accepté cet entretien.
Pourriez-vous tout d’abord vous présenter et expliquer à nos lecteurs quelles sont vos principales activités ?
Gilles Balmisse : aujourd’hui, mon activité principale est l’accompagnement d’entreprises innovantes, start-up ou PME, dans le domaine du numérique.
Cela fait près de dix ans que j’interviens dans le financement de l’innovation. J’ai ainsi été administrateur d’un réseau de business angels à Montpellier et je suis également actionnaire de plusieurs startups, dont la plateforme de crowdfunding Wiseed.
Depuis maintenant plus d’un an, j’ai développé une activité de conseil en innovation à destination des PME. Au-delà d’un accompagnement opérationnel sur les projets, j’aide les entreprises à monter des dossiers pour des demandes d’aides à l’innovation. J’aide alors à identifier les verrous technologiques, à définir le projet d’innovation, à évaluer le temps des ingénieurs… et ce dans les domaines du numérique.
En plus de cette activité d’accompagnement d’entreprises innovantes, j’interviens encore, mais de manière beaucoup plus ponctuelle, dans l’accompagnement à la mise en œuvre de la gestion des connaissances, du travail collaboratif, de la gestion des contenus et de la veille.
Recherche éveillée : quelle part de votre activité représente l’écriture ? Vous avez en effet écrit de nombreux ouvrages, qui couvrent notamment le domaine de la veille, les réseaux sociaux d’entreprise, la gestion des connaissances ou encore Office 365 …
Gilles Balmisse : l’écriture constitue effectivement une partie importante de mon activité. Mais elle se fait en dehors des heures ouvrables 😉
J’ai toujours un (ou plusieurs) ouvrages en route. Lorsque j’ai dû traiter ou approfondir un sujet nouveau ou complexe au cours d’une mission, j’essaie d’en faire le thème d’un livre ; cela me permet de formaliser un discours plus clair sur le sujet.
En fait, l’écriture est une activité que j’aime vraiment… Preuve en est que j’ai le projet de lancer, dans très peu de temps, une maison d’édition en mode start-up, pour laquelle j’écrirai des ouvrages concernant l’utilisation du numérique pour les professionnels, avec méthodes, outils et retours d’expérience… Mais je vous en dirai plus prochainement…
Gilles Balmisse : « Je ne supporte plus le push.
Je préfère faire ma veille manuellement, et aller à l’information »
Recherche éveillée : Pour mener à bien vos différentes activités, vous devez vous tenir informé des actualités du domaine, des nouveautés, etc. Comment vous y prenez-vous ?
Quelles sont vos pratiques de veille et comment ont-elles évoluées ?
Gilles Balmisse : Je crois que j’appartiens à la « vieille école ». Je n’utilise pas vraiment Twitter, car je ne me sens pas de « feeling » avec cet outil. Ma veille se fait essentiellement via LinkedIn, avec en complément l’abonnement à des newsletters. Je bénéficie par ailleurs d’une veille effectuée par mes contacts, qui m’envoient régulièrement des informations ; une veille collaborative informelle en quelque sorte… Et bien sûr, je complète ces données par des recherches ponctuelles sur Google.
Comme beaucoup de professionnels de l’information, j’utilisais il y a quelques années un agrégateur de flux RSS, et différents systèmes d’alertes.
J’étais d’ailleurs continuellement « sous alerte » et recevais régulièrement des notifications.
Je ne le supporte plus. Je préfère faire ma veille manuellement, et aller à l’information.
Je consulte tous les jours mon fil Linkedin, que j’ai soigneusement filtré.
LinkedIn permet en effet de filtrer sa « timeline », pour n’afficher que les nouvelles publiées par certaines personnes ou certains groupes dont on est membre, et non par l’ensemble de son réseau (ce qui se passe par défaut).
Je filtre donc selon mon appétence des contacts qui publient des informations sur les sujets qui m’intéressent. J’ai sélectionné au total une dizaine de personnes (dont vous faites partie…).
Je suis d’autre part abonné à une dizaine de groupes : Design Thinking, Transformation Digitale, Big Ideas & Innovation… Mais je participe essentiellement à deux d’entre eux.
En fait, je fais moins de veille que par le passé. Je ne fais plus rien en push, hormis quelques newsletters que je lis le matin. C’est moi qui vais à l’information, vers un fil d’actualité soigneusement filtré.
Et je préfère le fil de Linkedin à celui de Twitter. Sur Linkedin, c’est ton réseau qui vient à toi. Alors que sur Twitter, c’est à toi d’identifier – très soigneusement – les personnes que tu souhaites suivre, si tu ne veux pas être submergé par les tweets et les retweets. Je ne veux pas passer la journée à suivre un fil d’information sur Twitter, sachant que la plupart des utilisateurs partagent des informations intéressantes au milieu d’un flot d’informations personnelles beaucoup moins passionnantes !
Recherche éveillée : si vous deviez mettre en place de nouvelles pratiques de veille, quelles seraient-elles ? Quelle serait pour vous la pratique de veille idéale ?
Gilles Balmisse : j’ébauche actuellement une réflexion qui changera peut-être la façon dont je travaille aujourd’hui.
Cette réflexion concerne ma future maison d’édition.
Quand on écrit un ouvrage, il faut avoir des idées prospectives.
Pour identifier de nouveaux outils, je vais me concentrer sur le suivi de personnes. Identifier des personnes qui communiquent plutôt vers des entrepreneurs, comme Guilhem Bertholet par exemple. La difficulté est que ces personnes s’expriment généralement via plusieurs médias (blog, twitter…).
Aussi, j’envisage de m’équiper d’un progiciel orienté PME, qui me permette de cibler certaines personnes, avec des filtres par mots-clés…
Pour en revenir à l’outil idéal, ce serait pour moi un progiciel individuel avec une interface simple, qui me permette de sélectionner les sources que je veux et de les filtrer comme je le veux.
Recherche éveillée : si vous deviez donner des conseils pour des recherches les plus justes possible, quels seraient-ils ?
Gilles Balmisse : Il y a quelque chose qui est souvent oublié, et sur lequel il est important de mettre en garde. Il faut prendre le temps – ce que les internautes ne font pas, et moi le premier –. Prendre le temps de savoir exactement ce que l’on cherche, et où l’on doit chercher… Se poser un peu…
Après, que dire… Sur Internet, il y a tellement d’informations que de toute façon, pour ce qui concerne les recherches généralistes du moins, quel que soit l’outil que l’on utilise, on obtiendra l’information que l’on veut, surtout si on s’appuie sur des outils comme LinkedIn.
Je conseillerai donc d’utiliser au maximum son réseau, avec des personnes qui ont les mêmes problématiques.
Mais cette méthode ne fonctionnera pas pour des sujets pointus…
Recherche éveillée : Merci Gilles pour ce partage…
On signalera que parmi les derniers ouvrages écrits par Gilles Balmisse, l’un est dédié spécifiquement à la veille.
Avec pour titre « Veille stratégique sur Internet » , cet ouvrage, publié aux Editions ENI, a pour objectif d’aider le lecteur à « comprendre les enjeux, maîtriser les outils et partager l’information ».
L’ouvrage s’articule autour de huit chapitres, qui suivent les différentes étapes du cycle de la veille :
- les deux premiers chapitres permettent tout d'abord de comprendre ce qu'est la veille (les différents types de veille, le cycle de la veille, etc.), et comment se préparer à faire de la veille (cadrer les besoins, définir un plan de veille, préparer la collecte)
- deux autres chapitres sont dédiés au sourcing : via les outils de recherche pour le premier (comment tirer parti des fonctions avancées des moteurs, comment choisir le ou les moteurs adaptés à son besoin...), et en identifiant les sources pertinentes pour le second (démarche pour identifier des sources d'informations pertinentes, outils et techniques pour trouver encore plus de sources...)
- la collecte d'information est au cœur du cinquième chapitre, qui traite notamment des alertes mots-clés, des flux RSS, et des outils permettant de surveiller une page ou un site
- les médias sociaux sont abordés dans le sixième chapitre, avec en particulier un focus sur Alerti et sur Twitter
- les deux derniers chapitres concernent le traitement et l'analyse des résultats et, enfin, leur diffusion.
« Veille stratégique sur Internet« . Gilles Balmisse. Editions ENI. 238 pages. ISBN 978-2-7460-9112-2. Octobre 2014
Avec quels outils Gilles Balmisse filtre-t-il sa timeline #LinkedIn ? FollowFeed?
Avec l’app mobile : filtrage des personnes uniquement (et non des sujets)… Rien de sophistiqué 😉
Pour l’interface web, le filtrage est également très simple.
Depuis sa timeline, il suffit de glisser le curseur sur la droite d’une actualité (à l’emplacement de l’heure de parution) pour faire apparaître une fenêtre pop-up offrant plusieurs choix dont « Ne plus suivre xxxx ». Si l’on choisit cette option, les actualités publiées par la personne ne s’afficheront plus dans sa timeline, mais la personne restera dans son réseau…
Merci pour l’astuce , ne plus suivre que je ne connaissais pas.
Une autre solution consiste à trouver l’identification pulse du profil de la personne qui se trouve dans le code source ou dans l’Url activité récente même si cette dernière n’est pas dans vos contacts
ex:
https://www.linkedin.com/pulse/activities/béatrice-foenix-riou+0_1oY9t-b-tf97jaCR6qjsmF?
Je mets ensuite le lien en signet, Diigo par exemple.
Par contre, je n’arrive pas à trouver d’outils pour pour m’alerter (RSS, atom, …)si la personne a eu des activités récentes.
Des idées?
Après avoir lu attentivement le livre « Veille stratégique sur Internet » présenté ci-dessus, je me demande si certains chapitres de l’ouvrage ne datent pas un peu. En effet il faut bien constater qu’à l’époque de la transformation digitale des organisations, les collaborateurs des différentes fonctions réalisent de plus en plus leurs recherches directement sur le Web, avec les outils adaptés qui sont en général simples à utiliser, et passent de moins en moins par les plateformes de veille et les veilleurs.
Il va se réaliser ainsi une sorte « d’ubérisation » des veilleurs pour ceux qui n’auront pas su acquérir des compétences d’analyse.